Un projet de Loi d’Orientation Agricole (LOA) est débattu actuellement au parlement et c’est une occasion rare de transformer de façon profonde les politiques agricoles qui n’ont fait l’objet d’aucune orientation politique d’ampleur depuis des décennies. Les manifestations récentes ont montré la profondeur, la gravité et la complexité du mal-être dans le monde agricole. L’enjeu d’obtenir une loi ambitieuse est crucial mais pour le moment, le projet de loi discutée à l’Assemblée nationale met en péril la capacité du secteur à assumer la transition écologique et passe à côté des immenses défis du renouvellement des générations. Nous appelons les député·es et les sénateurs à donner un véritable cap à la transition agroécologique, à transformer le texte en profondeur; à rejeter les articles qui actent des reculs environnementaux. Nos organisations paysannes et citoyennes agissent dans ce sens depuis des mois et vous aussi, vous pouvez agir auprès de vos députés et sénateurs.
Les préoccupations partagées par la majorité des paysan·nes sont claires : la question du revenu, la crainte d’un déclin massif de l’agriculture française et du nombre de fermes et la difficile adaptation des fermes face aux aléas climatiques en prise avec la dépendance aux lois des marchés et l’endettement.
Pour résoudre durablement cette crise agricole, les questions fondamentales sur l’orientation souhaitable pour l’agriculture française doivent être ciblées et traitées spécifiquement dans cette nouvelle loi.
- Pour assurer la souveraineté alimentaire, il faut maintenir un grand nombre de fermes à taille humaine sur le territoire et repenser la gouvernance des instances de pilotage et de décision des politiques agricoles, les ouvrir au pluralisme démocratique et instaurer des contre-pouvoirs.
- Pour éviter qu’un tiers des candidats au métier d’agriculteur.rice échouent à réaliser leur projet alors que les fermes françaises peinent à trouver repreneur, nous devons construire un parcours à l’installation qui réponde partout aux besoins des futur·es paysan·nes quels que soient leurs profils : installation progressive, autonomie décisionnelle et agronomique, aide à la re-structuration des fermes qui le nécessitent, etc.
- L’évolution vers des pratiques agroécologiques paysannes et biologiques doit être soutenue massivement par les pouvoirs publics pour répondre aux crises. Elles permettent de créer des alliances vitales pour tous les territoires dans une logique de protection des communs et de l’intérêt général. Elles s’avèrent efficaces face aux dérèglements climatiques, à la lutte contre l’effondrement de la biodiversité et aux perturbations du cycle de l’eau.
Nos associations paysannes ont des réponses et les mettent en œuvre depuis longtemps, mais le développement de nos propositions est ralenti par les choix imposés par la FNSEA et ses relais au gouvernement. Il faut contrer les reculs politiques favorisant une agriculture sans paysans. Ne laissons pas la LOA donner toutes les cartes à la FNSEA qui gère la majorité des Chambres d’Agriculture. Mettons fin aux recettes du passé qui nous ont amené à un désastre démographique et une situation sociale funeste : un suicide tous les deux jours, un manque de revenu, des problèmes environnementaux, et une charge de travail considérable éprouvant vie sociale et familiale.
Comme nous le faisons déjà dans nos groupes et fermes en AMAP, agissons pour que cette LOA corresponde à nos espoirs. Agissez en allant voir les élu·es de vos territoires, leur expliquer vos préoccupations sur le monde agricole et vos espoirs d’une transformation en profondeur des orientations publiques. Ils et elles peuvent faire évoluer la loi dans le bon sens.
Plus d’informations dans notre article. Des conseils et des liens pour agir ici et des webinaires pour vous accompagner les 22 mai (20h-22h), 27 mai (20h-22h) et 3 juin (18h-20h).
Pour le collectif du MIRAMAP : Evelyne, Ariane, Florent et Mireille