Pascal Boyard nous a adressé un message pour nous donner des nouvelles de son exploitation.
Bonjour,
Notre production de miel repose sur une cinquantaine de ruches de type Dadant 10 cadres, qui sont implantées à moins de 5 km autour de chez nous dans des espaces naturels protégés sur le territoire du Parc Naturel Régional de la haute vallée de Chevreuse.
Au début du printemps 2022, nous avons eu très peur des gelées tardives qui ont brûlé certaines floraison d’arbres fruitiers.
Heureusement, des espèces qui fleurissent plus tardivement ont tout de même pu être exploitées par les abeilles. De même les pissenlits, marronniers d’inde et aubépines ont été également profitables pour l’élaboration du miel de printemps.
Cette année, les acacias n’avaient pas gelé et ont échappé aux de grêle, ce qui a permis une récolte correcte, comparativement aux années « normales ».
Dès le mois de mai, le phénomène de sécheresse était bien présent.
Toutes les floraisons d’été ont été impactées par le manque d’eau.
Pour rappel :
- Les fleurs sécrètent du nectar pour attirer les insectes pollinisateurs.
- Le pollen des fleurs est aussi utile aux ruches pour les apports en protéines et matière grasse, pour « construire » les abeilles qui constituent la colonie.
- Le nectar récolté par les abeilles est rapporté à la ruche et concentré par séchage pour élaborer le miel. Le nectar et le miel servent aux abeilles pour leurs apports en énergie pour leur fonctionnement.
- Lorsqu’une plante manque d’eau, elle ne produit qu’une quantité minimale de nectar, juste le nécessaire pour attirer l’insecte pollinisateur et assurer la fécondation. Dès que la fleur est pollinisée/fécondée, la plante cesse sa production de nectar.
- La sécheresse, les fortes chaleurs et les vents thermiques ont donc eu un impact important sur la sécrétion de nectar.
- Conclusion, pour le miel d’été, les abeilles n’ont réussi qu’à produire que 50% de ce qu’elles produisent en année « normale ».
L’année 2021, nous n’avions produit que 30% d’une année normale.
L’année 2022, nous sommes à 75% d’une année normale.
Au fil des années, nous percevons bien l’impact du dérèglement sur notre activité. Il ne faut pas perdre de vue que tous les insectes sont impactés.
Les coups de chaleur de printemps poussent les plantes à fleurir plus tôt alors que les ruches ne sont pas suffisamment populeuses pour récolter, puis le temps bascule brutalement vers du froid et des gelées qui brûlent les fleurs qui ne seront plus disponibles lorsque les colonies seront prêtes.
Lorsque le temps est trop frais, la physiologie des plantes fait qu’elles sécrètent également moins de nectar et lorsqu’il pleut de manière continue les abeilles ne sortent pas.
Il y a un dicton en agriculture qui dit : « Le mauvais temps est le temps qui dure ».
C’est l’alternance de la pluie et du soleil qui profite à la végétation et à tout notre écosystème.
Concernant notre activité d’élevage d’abeille, nous avons réussi à produire presque autant d’essaims que les années passées.
Les élevages de reines se sont bien déroulés et notre programme de recherche/sélection d’abeilles résistantes à leur principal parasite (le varroa) se révèle très efficace. Le varroa est un acarien en provenance d’Asie qui infeste les ruches depuis 1982. C’est un effet majeur de la mondialisation.
Quelques ruches de production issues de ce programme démontrent qu’elles arrivent bien à éliminer les parasites, et nous avons 15 nouvelles souches sélectionnées en 2022 qui pourront être utilisées en 2023 pour développer la diversité génétique de cette population d’abeilles résistantes.
Je porte ce programme de recherche depuis 2014, et il commence à porter ses fruits. J’ai également créé une association dont le but est de faire monter en compétences des apiculteurs qui souhaitent contribuer à ce programme d’élevage. L’an passé nous avons été lauréats des budgets participatifs de la région Ile de France, ce qui nous a permis de construire notre labo qui vient remplacer notre caravane devenue trop petite. Cette année nous sommes de nouveau lauréats des budgets participatifs de la région Ile de France et nous allons pouvoir enrichir notre matériel. Chaque poste de travail coûte plus de 3000€ et le soutien de la région nous donne les moyens de développer et poursuivre ce programme d’aide au maintien des populations d’abeilles face aux problématiques de notre époque.
Le soutien des AMAP est très important car vos achats de miel nous donnent la possibilité de nous occuper des abeilles, de former des apiculteurs et transmettre des abeilles aux générations futures.
Merci pour votre aide.
Pascal.